Le dortoir Luna... Je n'y avais pénétré qu'une seule fois, quand Ritsu et moi avions ramené Hiroki après la débâcle de la soirée en discothèque qui avait tourné à la catastrophe et jamais je n'aurais pensé y retourner à un moment donné. Pour moi, il était évident que les majordomes débutants comme Ritsu ou moi étaient obligatoirement associé à une lady venant d'arriver et donc, de rang Ombra. Pourtant je devais me rendre à l'évidence : ce n'était pas le cas. Il n'y avait qu'à voir Satoru-sempai, qui avait pourtant dix ans d'expérience et servait Morizuma Akito-sama qui, elle aussi, n'était que Ombra. Et puis moi qui, après avoir perdu Yurika-sama, me retrouvais à servir Risa-sama. D'ailleurs, je me demandais de quelle façon elle allait me recevoir, étant donné tout le temps qui avait passé depuis son arrivée sans que je me sois manifesté. Et puis je m'interrogeais. Etait-elle gentille comme Yurika-sama ? Comment traitait-elle les majordomes ? Ferait-elle attention à moi et à ce que je pensais comme le faisait Yurika-sama ? Rirait-elle de ma taille minuscule ou bien cela n'aurait-il aucune importance pour elle ? Autant de questions qui ne trouveraient leur réponse que lorsque j'aurais enfin fait la connaissance de ma nouvelle lady.

Sur le chemin qui menait au beau dortoir dont je n'avais pas l'habitude (ça allait me faire tout drôle après le délabrement du dortoir Ombra...), j'essayais mentalement différentes approches auprès de ma nouvelle lady, mais aucune ne me satisfaisait. Peut-être parce que je me sentais à moitié coupable de ne pas être venu avant même si, de toute façon, je n'en aurais pas eu le courage car la plaie causée par l'abandon de Yurika-sama était encore trop à vif à ce moment-là... et aussi parce que je me disais que finalement, je n'étais vraiment rien de plus qu'un meuble ou un pion qu'on déplace à sa convenance selon les besoins, ce qui n'était pas vraiment une constatation agréable, même si, à l'Ecole des majordomes, on nous enseignait à être aussi discret qu'un meuble.

"Non, Kazu, ce n'est pas le bon état d'esprit !" me rabrouais-je mentalement.

J'arrivais bientôt au dortoir Luna, ma valise à la main et m'arrêtais devant pour le contempler, ce que je n'avais pas pu faire auparavant puisqu'il faisait nuit lorsque Ritsu et moi avions ramené Hiroki.
Il n'y avait pas à dire, ça avait quand même la classe. Je passais encore quelques instants à l'admirer, puis me décidais à gravir les quelques marches qui me séparaient de la porte, que j'ouvris. Je cherchais ensuite la bonne porte. Chambre deux, m'avait-on dit. Je m'arrêtais devant celle que je supposais être la bonne, mais ne frappais pas immédiatement, car j'étais pris de panique à l'idée que ça ne colle pas avec elle. Ritsu avait eu beau me réconforter en m'assurant que Yurika-sama n'était pas partie à cause de moi, son abandon avait laissé de lourdes séquelles sur ma confiance en moi qui n'avait déjà jamais tellement été grande.

"Courage, Kazu, tu peux le faire !" me dis-je pour m'encourager.

Prenant une grande inspiration pour essayer de me calmer, je levais la main et frappais à la porte. J'étais partagé entre l'envie qu'elle soit là et ouvre et celle qu'elle soit absente et que je puisse fuir.

En attendant que quelqu'un ouvre, j'avais tenté, en murmurant, quelques formulations pour me présenter tout en m'excusant.
"Bonjour, je suis Yue Kazuma, votre majordome attitré. Pardonnez-moi de ne me présenter que maintenant"
"Bonjour, Risa-sama, je suis votre majordome attitré, Yue Kazuma. J'espère que vous pardonnerez ma présentation tardive".
... mais aucune ne me plaisait et, lorsque la porte s'ouvrit sur la jeune fille que je devais à présent servir, je n'en menais pas large.

- Heu... je... Je suis... Heu... bafouillais-je d'une voix pas assurée du tout. Navré de vous déranger, Risa-sama, mais je suis... Heu en fait, mon nom est Yue Kazuma et c'est moi qui doit vous servir. En tant que majordome.

Bon, d'accord, j'aurais dû choisir l'un de mes essais mentaux, parce que là, j'étais parfaitement ridicule avec mes balbutiements et elle allait certainement éclater de rire. Cramoisi de honte devant cette entrée en matière peu glorieuse, je baissais les yeux, incapable, soudain, de soutenir son regard et ajoutais :

- Je suis désolé de ne venir que maintenant, alors que vous êtes arrivée depuis plusieurs jours mais je... heu... en fait j'ai été... Pardon...

De pire en pire. Il valait mieux que je me taise, décidément.

Ma nouvelle lady m'observa de la tête aux pieds et je me sentis rougir sous ses yeux scrutateurs. Lorsque j'eus fini mes explications laborieuses, elle laissa tomber un "ah" laconique, puis, à ma grande surprise, me tourna le dos pour aller s'asseoir, me laissant seul sur le pas de la porte. Wow... je ne m'attendais pas franchement à un accueil chaleureux, mais une telle indifférence me refroidit franchement. On aurait dit qu'elle se moquait éperdument de ce que je disais. Ce qui n'était pas une constatation très agréable. Les choses partaient mal...

"Yurika-sama, pourquoi m'avez-vous abandonné...." me lamentais-je intérieurement pour au moins la centième fois depuis son départ.

Enfin, du coup, j'étais perdu et ne savais plus que faire. Devais-je entrer ou pas ? Après tout, elle ne m'avait pas invité à le faire, alors ne serait-ce pas impoli ? je décidais finalement de prendre sur moi d'entrer. Je fis donc quelques pas dans la pièce, puis refermais la porte, cherchant comment rompre le silence pesant qui s'était installé.

- Heu, je... En réalité, si je ne suis pas venu me présenter avant, c'est parce que... la jeune fille que je ne servais que depuis quelques semaines est soudainement partie sans un mot d'explication et... ça m'a beaucoup affecté, avouais-je, espérant ainsi relancer la conversation. Je n'aurais pas été... d'une grande utilité pour vous si je... si j'étais venu vous trouver dans... l'état émotionnel dans lequel j'étais.

Je vis ma nouvelle lady froncer les sourcils puis, le regard planté dans le mien (heureusement, elle ne faisait guère que quatre à cinq centimètres de plis que moi, ce qui ne me plaçait pas trop en position d'infériorité), elle me dit qu'elle était habituée à ne pas avoir de majordome et que mon retard n'était donc pas grave. Elle ajouta tout de même qu'il me faudrait être plus convaincant dans mon rôle. Cette remarque me piqua au vif.

- Vous pouvez être tout à fait tranquille à ce sujet, Risa-sama, dis-je avec une certaine fierté malgré tout. Même si je n'ai pas passé beaucoup de temps auprès de Yurika-sama, elle ne s'est jamais plainte de mon service, au contraire.

Le silence se fit de nouveau un moment, puis elle me demanda si j'étais ici depuis peu.
Mieux valait être totalement franc. Je répondit donc :

- En effet, Risa-sama. Je suis sorti de l'Ecole des majordomes parce que de nouvelles pensionnaires devaient arriver et comme je suis venu en aide à Yurik-sama à ce moment-là, les choses se sont faites naturellement.

La mention du fait qu'elle n'était que ma seconde lady sembla amuser Risa-sama, qui s'esclaffa, sans que j'en comprenne bien la raison.
Elle reprit ensuite son sérieux et, en me regardant, espéra que tout se passe bien, ajoutant qu'elle avait vu passer pas mal de majordomes gaffeurs.
"Passer pas mal de majordomes gaffeurs" ? Il y avait plusieurs informations importantes, dans cette phrase : 1) Elle avait eu plusieurs majordomes 2) Elle n'en avait gardé aucun parce qu'ils étaient gaffeurs. Et bien, j'étais mal parti. Non pas que je sois spécialement gaffeur, mais il m'arrivait parfois de faire des erreurs qui auraient pu être évitées. Pourquoi sentais-je tout à coup que les choses ne seraient pas simples et que j'allais devoir faire attention au moindre mot sortant de ma bouche et au moindre geste ? Avec Risa-sama, pas question d'être aussi naturel qu'avec Yurika-sama ou je sentais confusément que je le paierais cher.

Ma nouvelle lady se passa une main dans les cheveux d'un air ennuyé. Elle ouvrait la bouche pour dire quelque chose, lorsqu'un bruit incongru résonna dans la pièce : l'estomac de Risa-sama venait de gronder bruyamment, manifestant sa faim. Malgré moi, je souris, soudain plus détendu.

- Je vais préparer à dîner, Risa-sama, dis-je en souriant toujours. Que diriez-vous de prendre un bain en attendant ? Je vous le prépare de suite si vous le souhaitez.

Toujours un peu honteuse, Risa essaya de faire comme si de rien n'était. Mais malheureusement son majordome était déja en train de sourire. Peut être que sa faim l'avait mis un peu plus a l'aise ? En tout cas, son estomac commençait a l'ennerver ! Pourquoi devait-il toujours gronder quand il ne faut pas ?

Kazuma lui proposa alors de lui faire a manger pendant qu'elle prendrait son bain que son majordome lui aurait préparé.

- Bonne idée ! J'aime lorsque l'eau est bien chaude. Lui repondit Risa avec un sourire qui ne montrait en aucune façon sa honte.

Kazuma se dirigea alors vers la salle de bain. Risa resta debout au milieu de la piece, pensive. Son nouveau majordome avait l'air different des autres. Peut être rsterait-il plus longtemps. Ou Risa ferait-elle un effort et serait-elle plus sympa avec lui ? On lui avait déjà fait des reflexions et elle devait arreter de les martiriser.

Quelques minutes plus tard Kazuma sorti de la salle de bains en lui faisant signe d'y entrer. En entrant, Risa sentit un vague de chaleur l'envair. Parfait, pensa t-elle. Une bonne douche ne pouvait vraiment pas lui faire de mal.

Ma nouvelle lady accepta mon offre avec enthousiasme (et un sourire !) et me précisa qu'elle aimait l'eau bien chaude, aussi me hâtais-je de chercher la salle de bain. Je commençais bien évidemment par me tromper de porte (les chambres du dortoir Luna étaient faites sur un schéma différent de celle du dortoir Ombra où je logeais avec Yurika-sama), avant de trouver la bonne. Je fis ensuite couler l'eau dans la baignoire, que j'aromatisais avec des sels de bain à la lavande et du bain moussant. Je revins ensuite dans la pièce à vivre et annonçais à Risa-sama que c'était prêt.

Alors qu'elle y entrait, je me dirigeais vers la cuisine afin de préparer à dîner. Ignorant pour le moment tout de ses goûts, je me mis à cuisiner en chantant à tue-tête des chansons de Level Five, des yakisobas aux légumes, quelques takoyakis et un ou deux okonomiyakis, sans oublier l'indispensable assiette de crudités. Là, combinant deux de mes passions (la cuisine et le chant), j'étais vraiment dans mon élément et j'en oubliais la gêne qui m'avait étreint au moment où j'avais fais la connaissance de la jeune lady.

Lorsque Risa-sama sortis de la salle de bain, je poussais la desserte jusqu'à la table et entrepris de disposer les mets sur la table, avant d'emplir son verre, puis de me poster dans un coin, un peu loin d'elle, afin de la laisser manger tranquillement.

Comme Risa-sama se jetait littéralement sur ce que j'avais préparé, dévorant comme une affamée, je me demandais depuis combien de temps elle n'avait pas mangé de repas correct. Elle mangeait en souriant, ce qui me fit penser qu'elle appréciait ma cuisine et me remplit de bonheur. En définitive, il m'en fallait assez peu pour être heureux : cuisiner, chanter, avoir la proximité de mon Hiroki chéri et contribuer au bonheur de ma lady. C'était tout ce que je demandais. Enfin sauf en ce qui concernait Hiroki, mais là, c'était une autre histoire.

Après un bon quart d'heure, je vis ma lady poser ses baguettes en travers de son assiette d'un air satisfait et s'exclamer qu'elle avait beaucoup aimé ma cuisine. Ce simple compliment me remplit de joie et je lui dédiais mon plus beau sourire, avant de m'incliner.

- Je suis ravi que ça vous ait plu, Risa-sama. J'ai fais un peu trop de nourriture parce que j'ignorais vos goûts et l'étendue de votre appétit, mais à l'avenir, je ferais de plus petites portions.

C'est alors qu'elle me demanda si elle m'avait bien entendu chanter peu auparavant. Je virais à l'écarlate, car je ne pensais pas chanter assez fort pour qu'elle m'entende de la salle de bain.

- Heu... oui, répondis-je, embarrassé, en espérant qu'elle aussi n'était pas fan de Level Five. Ne faites pas attention, Risa-sama, je chante tout le temps en fait. La plupart du temps sans même m'en rendre compte. C'est... instinctif.

Son nouveau majordome était plutôt prévoyant et cela ne pouvait pas déplaire a Risa. De plus elle avait apprécié la qualité de la nourriture.

Lorsque la jeune femme avait parlé du chant de Kazuma a celui-ci, il était devenu tout rouge et recommençait a balbutier. Il lui expliqua alors qu'il chantait tout le temps. Risa trouva cela étonnant, un majordome qui chante.

-Tiens, cela n'est pas commun ! Mais c'est plutôt gai, cela change de l'appartement si calme d'il y a quelques jours. Heureusement, tu ne chante pas mal, j'aurais été désolée de devoir te demander d’arrêter !

Risa se tut, un sourire figé sur les lèvres. Ces derniers jours venaient d'êtres si communs et inintéressants qu'elle avait l'impression que tout venait d'être chamboulé ! Même son amie Hanae l'avait abandonnée, aussi vite qu'elle était arrivée a St Lucia, sans même venir la voir personnellement pour lui dire au revoir. Alors rien que la présence d'un majordome changeait tout. Mais elle était encore peu aimable avec le petit nouveau qui avait l'air mal a l'aise a chaque fois que l'on parlait de lui. Peut être resterait-il plus longtemps que les autres a son service, s'il arrivait bien sur a supporter son caractère changeant.

Je pensais que ma nouvelle lady allait rire de moi pourtant, non seulement elle ne semblait pas avoir remarqué ma petite taille, mais le fait que je chante sans cesse ne sembla pas la déranger, car elle déclara en souriant que ce n'était pas commun et que ça changeait du calme, avant d'ajouter qu'il était heureux que je chante bien car, dans le cas contraire, elle aurait dû me demander d'arrêter et en aurait été désolée.

Pour toute réponse, je lui souris, un peu moins embarrassé, du fait qu'au contraire de Hinako-sama, elle ne semblait pas avoir eu vent de ma participation active au concert de Level Five quelques jours plus tôt. Je remarquais alors qu'un léger pli de contrariété était apparu sur son front et m'interrogeais sur sa cause. Manifestement, il n'était pas de mon fait puisque entre le bain, la nourriture et le chant, je ne semblais avoir marqué que des bons points pour le moment, alors...

- Vous paraissez ennuyée par quelque chose, Risa-sama, dis-je doucement. Puis-je faire quelque chose pour vous être agréable ou utile ?

Kazuma, souriant lorsqu'elle lui avait fait remarquer qu'il chantait plutôt bien avait changé d'expression lorsqu'elle c'était mise a tirer un peu la tête. En effet il l'avait remarqué et avait l'air de s'interroger sur la cause de cet air triste. Apres hésitation il lui demanda s'il pouvait faire quelque chose pour aider la jeune femme. Risa réfléchit et, ne voyant vraiment pas comment qui que se soit pouvait l'aider, soupira avant de lui répondre.

- Ces dernières semaines n'ont pas été très joyeuses pour moi et je doute que cela change. Et comme si tout ce que je traverse n'était pas assez, une vieille amie a moi qui venait d'arriver ici vient tout juste de partir.

Risa ne lui donna pas beaucoup de détails sur sa vie a l'académie. Elle n'était pas du genre a crier sur tout les toits ce qui lui arrivait. Et elle n'était pas malheureuse au point de se confier au majordome a peine arrivé. Elle allait passer pour une sentimentale et comme ce n'était pas vraiment le cas,elle n'aurait pas trop apprécié. Ce pourquoi elle ne savait, encore une fois, plus quoi dire au jeune homme. Peut être s'avait-il ce qui était arrivé a Risa ? Après tout, les gens savaient. Et Risa continua une fois de plus a se poser bon nombre de questions dans sa tête.

A ma question concernant ce qui l'ennuyait, Risa-sama répondit que les dernières semaines n'avaient pas été très joyeuses pour elle et qu'une de ses amies, qui venait d'arriver à la pension, venait d'en partir.
Elle devait vraiment beaucoup tenir à son amie et la connaître depuis longtemps, pour que ce brusque départ l'affecte autant. Si ça avait été Yurika-sama, je me serais approché et aurais posé une main sur son épaule pour la réconforter... mais Risa-sama était vraiment différente de ma précédente lady et je n'osais pas esquisser un geste vers elle, de crainte d'aller trop loin (même avec les meilleures attentions) et de me faire rabrouer. Et comme je n'étais émotionnellement pas encore assez remis pour le supporter.

- Je ne connais pas votre amie, mais je suis certain qu'il y a une explication à son brusque départ, dis-je en lui souriant d'un air le plus rassurant possible. Une amie, surtout de longue date, ne pars pas comme ça, sans raison valable et sans prévenir. Vous pourriez peut-être lui écrire afin de lui demander ses raisons. Ainsi vous seriez fixée.

Elle avait l'air si déçue et triste, que j'amorçais un pas dans sa direction, avant de me reprendre et de m'immobiliser.

"Non, Kazu", me dis-je, "ce n'est pas Yurika-sama. Ne prend pas ce risque".

- Voudriez-vous un thé et une pâtisserie pour vous réconforter ? demandais-je ensuite gentiment en me souvenant que Ritsu disait toujours que la nourriture est le meilleur des réconforts.

Kazuma essaya tant bien que mal de reconforter Risa. Il trouvait bien ses arguments pour cela et donnait de bon conseils. Mais elle n'était pas du genre a courir après les gens et de plus elle ne saurait pas comment s'y prendre pour ecrire une lettre. Et comme en plus Risa était une personne souvent pejorative, elle pensait que ça ne servirait a rien, puisque de toute façon, elle ne reviendrais pas !
Résignée, la jeune femme regarda son majordome, il avait l'air d'hesiter a l'approcher. Mais il ne le fit pas.

Et encore une fois, il trouva quelque chose pour tenter de la reconforter. Et cela marchait plutôt bien. Un thé et une patisserie. Cela n'était pas pour déplaire à Risa ! Mais elle hésita. D'un côté les patisseries elle adorait ça et d'un autre elle avait trop mangé et savait que lorsqu'elle mangeait trop, c'était le mal de ventre assuré. Mais la gourmandise marqua un point contre la raison.

- Ce serait avec plaisir ! Mais pas trop de patisseries, j'ai deja bien mangé.

Risa regarda Kazuma, elle adorait le thé. Le nouveau majordome marquait des points c'etait sur. Et cela ne pouvait déplaire a Risa. Elle vit s'executer, il avait déja reperer la façon dont était rangée la cuisine alors qu'elle avait l'habitude de checher des heures pour trouver quelque chose.

Le sourire et l'enthousiasme avec lequel Risa-sama accepta ma proposition me fit très plaisir et je souris de plus belle, tandis qu'elle ajoutait qu'il ne fallait cependant pas qu'elle en mange trop, car elle avait déjà bien mangé.

- Certainement, répondis-je en m'inclinant dans un sourire éclatant. N'ayez crainte, je vais vous faire une pâtisserie légère, dont vous me direz des nouvelles.

Je me dirigeais vers la cuisine et, tout en sortant de quoi faire un gâteau à la mousse de fraise, me mis à chanter à tue-tête. J'étais content d'avoir brisé un peu la glace entre ma nouvelle lady et moi et ce contentement s'exprimait mieux par le chant qu'avec n'importe quels mots.
Je m'activais donc dans la cuisine pendant un bon moment et plusieurs chansons du répertoire de Level Five y passèrent. Je démoulais ensuite la pâtisserie sur une assiette, que je décorais de fruits découpés et forme de fleurs et la plaçais sur la desserte, avant de préparer un peu de thé. Je plaçais ensuite la tasse et amenais le tout à ma lady.

- Mousse de fraise sur légère ganache, annonçais-je en lui souriant, avant de déposer le tout sur la table. J'espère que ça vous plaira. Je préfère quand vous souriez.

Le majordome de Risa se mît au travail sans broncher et prépara une pâtisserie pour elle. Il chantonna tout en cuisinant ce qui fit sourire la jeune femme qui ne s’en cacha pas. Cela faisait du bien finalement de voir un peu de gaité dans cette chambre qui, quelques heures auparavant, était si vide et froide. Le majordome lui apporta alors sur un plateau extrêmement bien présenté, une pâtisserie accompagnée d’une tasse de thé. C’était un tel délice pour les yeux que Risa s’imagina le goût avant même d’y avoir touché. Elle planta sa cuillère dans l’une des extrémités du gâteau et le porta à sa bouche. Le goût lui fit un bien fou. Tout d’abord elle adorait les fraises mais en plus comme la plupart des jeunes filles, elle adoré tout ce qui était sucré. Tout contente elle félicita son majordome.

-C’est très bon ! J’éspère avoir la chance que vous m’en fassiez d’autres à l’avenir ? Demanda-t-elle à son majordome.

Celui-ci paru ravit et approuva. Lorsque Risa eu fini la friandise et le thé, elle annonça qu’elle allait se coucher. Elle s’était mis en pyjama après son bain et pu donc se faufiler dans son lit, un livre à la main. Il lui était difficile de s’endormir sans avoir lu quelques pages d’un roman avant.

Un peu anxieux, je la regardais couper un morceau de gâteau et le porter à sa bouche. Son expression presque extasiée lorsque le goût explosa sur son palais, me rassura sur le fait qu'elle aimait. Sans tomber dans le cliché, je ne connaissais d'ailleurs que très peu de filles qui n'aiment pas les fraises. Elle se tourna vers moi, les yeux brillants et me félicita, avant de me dire qu'elle espérait que je lui en refasse bientôt.

- Avec plaisir, Risa-sama, répondis-je en souriant.

Elle m'annonça ensuite qu'elle était fatiguée et allait se coucher. je hochais la tête.

- Bonne nuit, Risa-sama. Je viendrais vous réveiller aux environs de 7h afin que vous ayez le temps nécessaire pour vous préparer tranquillement.

Sur ces mots, je m'inclinais, puis empoignais ma valise laissée à l'abandon, et entrais dans la chambre du majordome, dont je refermais la porte. Une fois là, je me laissais tomber sur le lis où je m'allongeais directement. Et bien, la prise de contact avait été éprouvante, mais au final elle s'était bien passée. Il n'y avait pas de quoi paniquer en fait. Risa-sama était très différente de Yurika-sama, mais ce n'était pas pour ça qu'elle serait moins gentille, même si elle paraissait un peu spéciale.
Fort de ces constatation, je préparais ma chambre et m'abandonnais moi aussi au sommeil.



Le lendemain, je m'éveillais à six heures comme à mon habitude et filais directement à la salle de bain que Risa-sama et moi devions partager, en espérant que le son de mes ablutions ne la réveilleraient pas. Je pris rapidement ma douche, m'habillais et allais en cuisine afin de préparer son petit déjeuner. j'allais ensuite la réveiller. M'approchant doucement d'elle, je fis comme j'en avais pris l'habitude avec Yurika-sama et lui caressais les cheveux en l'appelant.

- Risa-sama, il est sept heures, fis-je doucement.

Alors qu’elle avait lu quelques pages de son roman et que son majordome s’était retiré dans sa chambre, Risa ressenti la fatigue et s’endormi.
La nuit ne fût pas des plus agréables puisque Risa se réveilla une fois dans la nuit à cause de ses insomnies.

Le lendemain matin, Kazuma tenta de réveiller Risa en lui passant la main dans les cheveux. La jeune lady n’était qu’à moitié réveillée et pris son temps pour émerger. Elle adorait qu’on lui caresse les cheveux et le fît savoir à son majordome attentionné en lâchant un léger soupir se satisfaction. Puis soudain elle se réveilla vraiment et fît un bond dans son lit en réalisant que son majordome était en train lui caresser les cheveux. Jamais elle n’avait reçu pareil traitement et bien qu’elle apprécie ce geste, ne savait pas comment réagir. Et puis après tout, elle ne le connaissait que depuis hier. Mais Risa ne fît pas de commentaire, la prochaine fois elle ne ferait pas de bon dans le lit et apprécierais a sa juste valeur le geste de son majordome, elle avait vraiment besoin de quelqu'un auprès d’elle. Risa se leva du lit, enfila un pull et m’installa a table ou le petit déjeuner était installé. Kazuma n’avait négligé aucun détail et toute sorte de boissons et mets étaient disposées. Voyant que cela serais trop pour elle, Risa eu envie de partager avec son majordome.

-Avez-vous mangé ? Si non je pense que vous pourriez vous joindre à moi, il y a largement assez pour deux. Dit-elle. Décidément, elle était du matin.

Elle voulu ensuite lui expliquer ce qu’elle aimait manger et boire le matin, pour qu’il n’y ai plus de nourriture gâchée.

-J’aime boire un chocolat au lait le matin. Accompagné d’une crêpe ou d’une gaufre. Je ne mange pas beaucoup au petit déjeuné, même si c’est bon pour la santé ! Lui expliqua t-elle.

Après avoir soupiré dans son sommeil (ce qui me fit comprendre que ce genre de réveil lui convenait aussi), ma nouvelle lady mit quelques minutes à sortir totalement du sommeil, puis ouvrit brusquement les yeux et se redressa vivement en me dévisageant, l'air effaré.

- Calmez-vous, Risa-sama, lui dis-je gentiment en souriant. Ce n'est que moi.

Elle se leva, enfila un lainage que j'avais reposé sur la chaise dont il était tombé la veille et se mit à table, puis, après avoir considéré un instant le bureau chargé des mets que j'avais préparé, me demanda si j'avais déjeuné et si non, si je voulais me joindre à elle, car il y avait assez de nourriture pour deux. J'en convenais volontiers, mais cette demande fit monter le rouge à mes joues. Yurika-sama avait elle aussi pris l'habitude de me convier à partager ses repas matinaux, mais ça m'embarrassait toujours autant. Je fus tenté d'accepter comme j'avais du le faire avec mon ancienne lady, mais j'estimais préférable de m'en abstenir.

- Je vous remercie beaucoup de votre gentille invitation, Risa-sama, mais ce ne serait pas correct. je ne suis que votre humble et dévoué majordome.

Voilà. Un refus poli et humble, qui n'aurait pas démérité dans la bouche de Satoru-sempai lui-même. Restait à espérer que Risa-sama n'en soit pas froissée.
Je l'écoutais ensuite m'expliquer ce qu'elle mangeait le matin et en pris mentalement note, en hochant la tête.

Risa fût déçue du refus de son majordome. Elle était tellement heureuse de s’enfiler un bon petit déjeuné qu’elle n’avait pas pensé un seul instant que le jeune homme puisse refuser de partager avec elle. Elle le regarda quelques secondes puis continua à manger, seule. « Ce n’était pas correct » ces mots continuaient de résonner dans la tête de Risa. Elle avait déjà bravé l’interdit alors un petit déjeuné ne lui paraissait vraiment rien du tout. Il croyait peut-être qu’elle allait tomber amoureuse de lui ? Cela n’était vraiment pas le cas. Elle avait essayé d’être amicale et son majordome refusait de manger avec elle ? Risa tenta d’oublier en mangeant ce qu’elle trouvait sur la table. Une fois terminé, elle se dirigea vers la salle de bain ou l’attendait son uniforme. Après avoir fait sa toilette, elle s’habilla et sorti de la salle de bain ou l’attendait son majordome.

-Je suis prête. Dit elle sans expression traversant son visage.

Je vis le visage souriant de Risa-sama s fermer et je compris que mes craintes étaient justes : mon refus, pourtant très poli, l'avait vexée. Elle me fixa un instant puis, sans rien dire, se mit à manger ce que j'avais préparé. Elle poursuivit son repas dans un silence si total qu'il me mit mal à l'aise, puis se leva et alla à la salle de bain. Ennuyé, je desservis les plats vides, que je posais sur une desserte, puis allais faire la vaisselle. Décidément, j'étais vraiment du genre à anéantir en quelques mots tout les bons points accumulés. Je ne savais pas ce qu'elle pensait, mais étant donné son expression précédente, certainement rien de bien. Je soupirais lourdement. Les choses n'allaient pas être faciles...
Je revins dans la chambre au moment où ma lady émergeait de la salle de bain habillée de son uniforme. Elle m'informa qu'elle était prête et je lui ouvris la porte, puis nous nous dirigeâmes vers l'héliport.

- Je... n'avais pas l'intention de vous froisser, Risa-sama, tentais-je de m'excuser. C'est juste que... que le règlement interdit aux majordomes de faire ce genre de chose...